Pourquoi célébrer la mort du Christ ?

Pourquoi célébrer la mort du Christ ?

Difficile de parler du sens de cette mort ! C’est un mystère tellement grand que celui de l’amour de Dieu manifesté en Jésus, que nous n’avons jamais fini de le revisiter année après année. Même l’évangile de Jean que nous relisons cette année avec le groupe biblique oecuménique s’y reprend à plusieurs fois : entre le chapitre 13 et le chapitre 18, il n’y a pas moins de trois longs discours d’adieu avant d’entrer dans le récit de la passion, cinq chapitres en tout pour expliquer que la croix n’est pas la fin mais le début de l’aventure de la foi. De façon paradoxale, le commencement de l’église, c’est une présence fugitive, c’est l’absence de Jésus constatée avec le tombeau vide, qui cependant n’est pas vide de sens. Car, si Jésus s’efface, c’est pour nous laisser la place. Jean nous le signifie avec le récit du lavement des pieds qui est en quelque sorte un des points culminants de son évangile (la clef qui ouvre sur la compréhension du récit de la passion). « Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout… Ainsi il se lève de table, il se défait de ses vêtements, il prend un linge qu’il attache comme un tablier. Puis il verse de l’eau dans une cuvette et se met à laver les pieds de ses disciples et à les essuyer avec le linge qui lui sert de tablier. » Il se fait ainsi serviteur. Plus tard, il leur dira « vous aussi, lavez-vous les pieds les uns aux autres ! faites de même ! » Le départ de Jésus marque un passage de relais. Il nous le dit ainsi : « aimez-vous les uns et les autres comme je vous ai aimés. » À vous de jouer !

Cette parabole du pasteur Laurent Schlumberger vous parlera peut-être aussi, à vous comme à moi. En Christ, « Il en va de Dieu comme d’un concert que l’on écouterait, la musique nous atteint, elle nous touche, elle peut nous changer. Mais en même temps cette musique est absente à nous-mêmes. Elle est impalpable, elle passe. Plus important, je ne peux l’arrêter. Si je veux la retenir, si je veux hurler à l’orchestre de faire durer le passage qui me bouleverse, il ne le peut pas, ou bien carrément il s’arrête ! Il y a bien eu une rencontre entre la musique et moi, mais qui s’est évanouie. Je ne peux ni la saisir ni l’arrêter. Bien sûr je pourrai faire chanter ce concert dans ma mémoire et me précipiter au concert suivant, je pourrai lire et relire la partition, je pourrai écouter un disque qui sera comme une répétition en conserve de cet évènement… Mais tout cela, ce ne seront que des échos qui d’une certaine manière souligneront l’absence. Car le concert, la musique a ceci d’étonnant : elle est bien réelle, mais elle est insaisissable. Il en va de Dieu comme de cette musique. Tout ce que je peux en conserver dans mon existence, ce n’est pas Dieu lui-même, c’est sa trace, son empreinte. Dieu s’avance et se fait connaître, il se révèle mais ce qu’il nous laisse c’est son absence » (Laurent Schlumberger, Dieu, l’absence et la clarté, Lyon : Éditions Olivétan, 2004).

Bonne montée vers Pâques dans la lumière de Celui qui se donne jusqu’à s’effacer pour nous transmettre le flambeau !

Pasteur Christian Bouzy

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