Sortie paroissiale au Chambon sur Lignon
Dimanche 15 septembre à 7 h du matin un petit groupe se retrouve dans un autobus stationné devant l’Infirmerie Protestante. Quelques retardataires arrivent en courant et le bus démarre. À la sortie de l’autoroute commencent les petites départementales paisibles et au fur et à mesure que l’on grimpe, les prés et les forêts verdoyants se succèdent. À l’heure convenue, le bus s’arrête face au temple du Chambon.
Nous pénétrons dans la chapelle, séduits par ce beau bâtiment sobre et frais malgré la chaleur extérieure. Petit à petit, le temple se remplit et lorsque le culte commence, la chapelle est pleine. Nous sommes impressionnés et ravis de cette nombreuse assistance. Nous sommes accueillis par Esther Wieland-Maret, Pasteure de la paroisse. Puis les paroissiens, heureux de chanter ensemble, entonnent les premiers cantiques. La prédication de Bernard Millet est lue par Catherine Lasserre. La Sainte Cène rassemble ensuite tous les fidèles dans un vaste cercle. Au moment de la bénédiction Esther Wieland-Maret nous demande de saluer nos voisins et chacun de se retourner pour serrer des mains ou embrasser ceux qui sont les plus proches, sans oublier un regard amical ou un sourire à ceux qui sont plus éloignés.
orsque nous
sortons du temple, nous découvrons avec surprise et un plaisir certain qu’un
apéritif nous attend dans la cour. Occasion de se rafraîchir dans cette fin de
matinée ensoleillée et de discuter avec les uns et les autres, de mieux se connaître
et d’échanger des informations sur nos paroisses respectives.
Nous sommes ensuite dirigés vers la salle paroissiale Bastianou, un espace
rénové, bien éclairé et ouvert sur des paysages de prairies et de forêts. Des
tables ont été dressées et nous nous installons pour un repas tiré du sac. L’eau
du robinet est fraîche et le vin nous est offert très gentiment par nos hôtes.
Nous entonnons un cantique pour rendre grâce, mais nous devons le reprendre à
deux fois avant d’obtenir un résultat acceptable !
À 14 h, le groupe se scinde. Les uns, accompagnés d’un guide, iront dans le village découvrir les lieux de mémoire de la ville du Chambon. Tout d’abord, la gare toute simple et tranquille. Nous avons alors le grand plaisir de voir arriver et s’arrêter devant la gare, un petit train fumant et brinquebalant. C’est une réplique fidèle de celui qui montait au Chambon sous l’Occupation et encore longtemps après. Comment alors ne pas imaginer ces enfants juifs, fatigués, effrayés qui descendaient du wagon et attendaient, perdus sur le quai qu’un inconnu vienne les chercher. Et c’était souvent de solides paysannes avenantes qui d’un large sourire balayaient toutes les angoisses de ces petits. Elles leur annonçaient qu’à la ferme, un bon bol de lait et des tartines de pain beurré avec de la confiture les attendaient. C’était cela aussi, l’accueil tel qu’on le concevait au Chambon pendant la Seconde Guerre mondiale. Le guide nous a ensuite conduits devant des maisons qui ont accueilli des réfugiés que les habitants ont protégés au péril de leur propre vie tout le temps de leur séjour au Chambon.
Pendant ce
temps les autres visitent le Lieu de Mémoire situé dans une ancienne partie de
l’école du Chambon. Des animations montrent la vie sous l’Occupation dans la
ville et les villages alentour qui deviennent de véritables terres d’asile pour
les réfugiés juifs et les maquisards. Des bornes vidéo interactives nous
racontent l’histoire du Chambon et la vie des enfants dans leurs familles d’accueil.
Enfin un parcours en images nous rappelle les convictions morales et
religieuses des habitants de la ville et du Plateau. La résistance civile s’organise
partout dans les fermes et hameaux du plateau, tandis que se mettent en place
des filières permettant aux réfugiés de passer en Suisse. Ce comportement
courageux des habitants est un exemple exceptionnel en France et en Europe de
résistance « avec les armes de l’es-#prit », organisée par toute une
population. Elle vaudra au village la distinction de Justes parmi les nations.
Ce musée est si riche qu’une heure ne suffit pas pour tout voir. Aussi,
nombreux sont ceux qui se sont promis de revenir accompagnés de leurs enfants
ou petits-enfants.
Alors que ceux qui ont vécu cette période disparaissent petit à petit, d’autres, plus jeunes, deviendront des témoins et pourront, à leur tour, transmettre aux générations suivantes l’histoire ‘extra-ordinaire’ du Plateau du Chambon-sur-Lignon.
Jacqueline Chareire
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