Le sens des mots

Le sens des mots

Le langage ordinaire, particulièrement cultivé par certains, tend à confondre les termes « étrangers » et « immigrés ». Le premier découle d’un critère juridique : est étrangère toute personne qui ne possède pas la nationalité française. Les bi ou tri-nationaux franco-quelque chose sont donc français. Est immigrée la personne née étrangère à l’étranger et résidant en France. Le terme est à la fois juridique et géographique. Parmi les immigrés, beaucoup deviennent français.

D’après les données de l’INSEE (juillet 2023), il y avait en France en 2022, 5,3 millions d’étrangers (soit 7,8% de la population totale) dont 4,5 millions d’immigrés et 0,8 million nés en France. Et il y avait 7 millions d’immigrés (10,3% de la population) dont 2,5 millions devenus français.

On ne va pas accabler le lecteur avec trop de chiffres. Mais il faut par exemple souligner qu’on parle toujours des entrées, et jamais des sorties. Or, le flux le plus important d’entrées annuelles d’étrangers est le fait des étudiants (plus de 80 000 chaque année) dont l’immense majorité repart une fois les études terminées. On oublie aussi qu’il y a près de 3 millions de Français qui vivent à l’étranger. A noter qu’on ne dit pas, pour parler d’eux, « émigrés », moins encore « migrants », mais « expatriés ». Pourquoi sont-ils partis ? Il n’y a pas de décompte exact ni précis de leur nombre, l’inscription sur les registres officiels tenus par les consulats n’étant pas une obligation. Ces registres donnent cependant de nettes différences, en recensant plus de 50 000 Français établis au Maroc, 25 000 aux Emirats, 53 000 en Israël et 23 000 en Palestine, plus de 20 000 au Mexique ou 105 000 en Belgique, qui ne sont pas tous des exilés fiscaux. Le record est détenu par la Suisse (pourquoi donc ?) avec 175 000 résidents français.

En bref, sachons de qui on parle, sans tomber dans des confusions funestes. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Camus).

Yves Grellier

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