Église universelle et nationalisme politique

Deux jours avant son départ, le ministre Retailleau a signé un décret qui rend quasiment impossible la réussite à l’examen civique exigé des étrangers pour obtenir une carte de résident ou une naturalisation. Les questions à choix multiples sont très variées : identifier les préfectures de région et de département, donner la durée des principaux mandats électifs, dire quels sont les plats régionaux les plus connus, dater les grandes étapes de la construction européenne, etc. La quasi-totalité des Français seraient bien incapables de donner 80% des bonnes réponses… Le nouveau ministre de l’Intérieur a bien dit qu’il ne reviendrait pas sur ce texte. Ainsi, le gouvernement fait de la langue une barrière, alors même que le secrétaire perpétuel de notre Académie française est un franco-libanais qui préfère le mot de « routes » à celui de « racines » (voir Origines. Amin Maalouf est né
dans une famille convertie au protestantisme). Et qu’il suffit de longer un chantier pour entendre que les ouvriers ne parlent pas tous français.

Cette exaltation de la nation et du nationalisme est malheureusement assez générale dans le monde : en Europe, avec les manifestations xénophobes au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, ou avec la suspension du regroupement familial en Allemagne et en Autriche, en Inde, avec des pogroms anti-musulmans, aux USA où l’on voit bien que la chasse aux migrants va de pair avec des actions répressives contre les libertés (universités), contre le droit (attaque de magistrats), contre la démocratie. Et comme toujours, l’augmentation des dépenses militaires accompagne cette vague de nationalisme. Jusqu’où ? Jusqu’à la guerre ?

Notre synode régional a débattu de l’universalité de l’Eglise. Universalité : c’est bien de cela qu’il faudrait d’abord parler : le réchauffement climatique concerne la terre entière, l’épuisement des ressources naturelles aussi. La Cimade tient à sa formule : il n’y a pas d’étrangers sur cette terre. Notre terre est une, l’Humanité est une.

Yves Grellier