Le forum « Israël-Palestine »…

...organisé par l’Eglise Protestante Unie de France

Durant trois jours (4 au 6 avril), une soixantaine de personnes ont participé au « Forum Israël­-Palestine » au centre Valpré (Ecully). Venus de Lyon, Jérusalem, Düsseldorf, Strasbourg, et même de Paris, ils ont écouté, questionné, échangé avec plusieurs intervenants passionnants.

Emmanuelle Seyboldt, présidente de l’EPUdF et Isabelle Gerber, présidente de l’Union des Eglise Protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), ont ouvert ces journées, souhaitant que la justice et la paix progressent, et nous
incitant à être des « ferments de fraternité ». Impossible de tout raconter, ni même de tout résumer.

J’ai retenu quelques points particulièrement marquants.

Beaucoup ont découvert les « sionistes chrétiens » (essentiellement revivalistes anglo­saxons) qui ont précédé puis soutenu les sionistes juifs au
XIXème et XXème, et qui considèrent dans une proclamation de 2004 que « le rassemblement du peuple juif en Terre d’Israël et la renaissance de la nation d’Israël sont l’accomplissement des prophéties bibliques », en précisant que « le peuple juif a le droit absolu de posséder et d’habiter le pays comprenant la Judée, la Samarie, Gaza et le Golan ». Entendre : la totalité de la Palestine et même un peu plus…A quoi ont répondu les Eglises chrétiennes palestiniennes en 2009 dans le texte « Kairos Palestine » qui affirme notamment : « L’Occident a voulu réparer l’injustice qu’il avait commise à l’égard des juifs, et il l’a fait à nos dépens. Il a ainsi réparé une injustice en créant une autre ». Ajoutant : « Notre terre est terre de Dieu,
comme l’est tout pays dans le monde. »

On s’est interrogé sur le sens du « tourisme religieux » et des pèlerinages en « terre sainte ». On a réfléchi, avec Corinne Lanoir, professeur d’ancien testament, et Daniela Touati, rabbin de la synagogue libérale de Lyon-Villeurbanne, sur nos rapports aux textes bibliques (livres historiques ou récits mythiques ?) et sur cette « terre de promesses » plutôt que « terre promise » (expression qui n’existe nulle part dans le Bible). On a côtoyé Lévinas, philosophe juif qui condamnait « l’idolâtrie de la terre ».

On s’est rappelé que les juifs n’étaient pas tous israéliens, ni sionistes, et aussi que nombre d’Israéliens étaient arabes, musulmans ou chrétiens. Quels statuts pour ceux­-là dans un Etat qui s’est proclamé en 2018 « Etat
des juifs du monde entier » ?
On a âprement discuté de l’action militaire d’Israël : s’agit-il ou non d’un génocide des Palestiniens ?

On a partagé les convictions et les espoirs d’un musulman et d’une juive tous deux engagés dans des actions culturelles et d’éducation artistique, l’un dans un camp de réfugiés près de Bethléem, l’autre à Strasbourg, car « la beauté sauvera le monde ».

On a écouté avec un très vif intérêt Jean-­Pierre Filiu, historien, qui vient de passer un mois dans l’enfer de Gaza, et qui nous a rappelé que la paix était plus difficile que la guerre, et demandait beaucoup plus de courage. Il a cité Michel Rocard qui s’interrogeait sur « l’acquiescement tacite à l’assassinat de la nation palestinienne ». Y a-­t-­il un autre avenir que la paix ? A terme, la réponse est négative, mais il faut de part et d’autre abandonner le statut de victime et regarder devant.

Emmanuelle Seyboldt a tracé quelques pistes d’action : exprimer inlassablement le point de vue de la paix et de la justice, participer à des efforts financiers de solidarité, s’inscrire dans « EAPPI­FRANCE », programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et Israël, soutenu notamment par le Secours catholique et par La Cimade.

On a participé au culte dominical, avec une prédication à deux voix (féminines) sur la septième béatitude :
« Heureux ceux qui font œuvre de paix », traduite aussi « En marche, les faiseurs de paix ! ».

Et nous avons chanté :
Je crois et j’espère
Une nouvelle terre
Un chant des pays
Unis pour la vie.

Yves Grellier