Noël aux creux de nos fragilités

Étonnant ce Dieu qui se révèle aux humains dans la fragilité d’un nourrisson et la précarité d’une étable ! Il ne nous donne pas rendez-vous
là où on l’attend, dans des manifestations de gloire et de puissance. Il vient à rebours de nos envies. Alors que nous aspirons à plus de pouvoir et de forces, il se donne à rencontrer dans la faiblesse. Alors que nous accumulons toujours plus de biens matériels ou immatériels, il naît dans le plus grand dénuement.

Et ce dénuement n’est pas juste une circonstance passagère, qui petit à petit s’effacerait pour laisser place à une montée en puissance. Alors, on s’émerveillerait de cet enfant qui, venu au monde dans la pauvreté, s’élèverait toujours plus haut, en gagnant plus de pouvoir et plus d’avoir.

Au lieu de cela, Dieu récidive sans cesse, jusqu’à en mourir sur le bois d’une croix. Ultime preuve qui nous est donnée en Jésus : C’est bien au creux de nos vulnérabilités et de nos faiblesses que Dieu a choisi de se révéler à nous.

Certes, dans ce monde qui exalte la force et les performances, la vulnérabilité détonne, elle encombre, c’est un gros mot qu’on passe sous
silence. Pas de place, pas de temps pour elle. On fait semblant d’être à la hauteur, même si on est en miettes à l’intérieur. Ainsi la réponse qu’on lui offre, ce n’est pas l’attention, mais la dissimulation et la honte.

Et si nous regardions nos fragilités autrement que comme des malédictions. Si nous parvenions à entrevoir dans les failles de nos défenses, une lumière qui pénètre la nuit, et suscite joie et paix !

En effet, mes fragilités assumées ouvrent au partage fraternel. La reconnaissance de mes limites m’amène à entrer en relation avec autrui en acceptant de dépendre de lui.

Ainsi je loue le Seigneur parce qu’en lui, je me découvre aimé jusque dans mes fragilités et j’apprends à aimer chacun tel qu’il est (et non tel que je voudrais qu’il soit). Je lui rends grâce de poser sa bénédiction sur les fragilités de chacun.

Christian Bouzy