La fin des travaux rue Lanterne

La fin des travaux rue Lanterne

(Les lignes qui suivent ont été écrites quelques jours avant l’inauguration des nouveaux locaux de notre temple, rue Lanterne, et contiennent donc une part d’optimisme raisonné.)

Le bâtiment de la rue Lanterne a été inauguré en… 1857. Depuis, certes, il a connu plusieurs modifications intérieures et travaux divers. Mais certains redevenaient urgents, pour l’entretien, la maintenance et le respect des normes en vigueur. Grâce à la vente des trois étages inutilisés, la paroisse a pu trouver le financement nécessaire.

Membre de la Commission municipale de sécurité, chargée de surveiller les « Etablissements Recevant du Public » (E.R.P.), le lieutenant des pompiers Guillaume avait dit : « Je n’ai jamais vu de projet aussi compliqué ». Pour un chantier somme toute modeste, cette complexité tient à l’imbrication de plusieurs contraintes. On peut en retenir sept.

1 — La contrainte budgétaire. Dès l’hiver 2017, le Conseil presbytéral a décidé que serait mise de côté, sur le produit de la vente, une somme égale à l’endettement de la paroisse (pour l’achat du terrain de Caluire). C’était une exigence d’autant plus forte que c’est bien le projet Caluire qui a, par ricochet, déclenché l’opération Lanterne.

2 — La réglementation propre aux Etablissements Recevant du Public. Il s’agit d’un ensemble de règles impératives, dictées par l’obsession généralisée de la sécurité, laquelle est en croissance. Du coup, les règles évoluent et les commissions de sécurité successives ne disent pas toutes ni toujours les mêmes choses. Elles sont aussi cumulatives. Exemple. Nous n’étions pas tenus d’installer des blocs sanitaires, ni à l’étage ni au rez-de-chaussée. Cependant, à partir du moment où la chose était décidée, il fallait impérativement que ces lieux soient accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Surtout, il fallait le plus radicalement possible séparer l’ERP des logements privatifs créés.

3 — Nous avons en effet procédé à la transformation d’une propriété simple en une copropriété : entente préalable sur les limites internes, passages du géomètre-expert, établissement concerté d’un état de division et d’un règlement de copropriété… du coup, dans un bâtiment unique, plusieurs maîtres d’ouvrages pour les travaux : la paroisse (EPUdLT), les autres copropriétaires chacun pour soi, mais passant par le même escalier, la copropriété en tant que telle enfin. La complexité ici a été allégée par le choix d’un maître d’œuvre commun. La cohérence et le coût des travaux s’en sont bien portés. Le calendrier un peu moins.

4 — L’immeuble étant dans une zone dite sauvegardée, toute intervention sur son aspect extérieur est soumise à l’approbation de l’Architecte de Bâtiments de France. Lequel est particulièrement soucieux de prouver la nécessité de son existence et le fait savoir de façon minutieuse, jusqu’aux zingueries qui entourent les chiens assis ( ou jacobines) même si ce n’est pas visible de la rue, ou jusqu’à la granulométrie des produits de nettoyage de la façade, les pierres du bas étant plus dures que celles du haut.

5 — On sait que les travaux de réhabilitation de l’ancien sont toujours plus aléatoires et souvent plus coûteux que dans le neuf. Il y a des surprises, parfois bonnes, parfois moins bonnes. Il faut s’adapter au jour le jour.

6 — La configuration du partenariat a été asymétrique. D’un côté un acquéreur décidant seul de ce qui le concernait. De l’autre une association démocratique avec son Assemblée générale, son Conseil presbytéral, son Bureau, sa commission des immeubles… au milieu, un maître d’œuvre, chef d’une entreprise générale, seul interlocuteur et responsable des travaux figurant au marché, même s’il a fait appel parfois à des sous-traitants. Position pas toujours confortable.

7 — La « contrainte d’usage » enfin a été très forte. Survitrage dans la salle de réunion ou pas ? Mur mobile ou pas ? Il a fallu par exemple restreindre au maximum la profondeur de la cuisine pour ne pas raccourcir le bras de la soufflerie de l’orgue.
Et surtout, à part un petit nombre de concerts en octobre 2017, toutes les activités ont pu se dérouler quasi normalement, et ce, en un temps limité. L’AG extraordinaire qui a autorisé la vente s’est tenue le 11 septembre 2016. L’autorisation de travaux ERP a été signée (par le maire) en février 17. La vente a été signée en juin 2017. Les marchés ont été signés en août, les travaux ont commencé en octobre, la salle de réunion étrennée en décembre. La suite a été plus lente, et pas toujours visible. Le 12 octobre 2018, la commission municipale d’accessibilité et de sécurité donnait un avis favorable à l’exploitation du bâtiment après travaux.

Il y a eu des soucis. Notre pasteur a dû s’exiler rue du Garet pendant plusieurs mois. Inquiétudes légitimes devant le bruit et surtout l’affreuse poussière (chez nous et aussi chez nos voisins !), craintes pour l’orgue, interrogations sur l’ascenseur, problèmes récurrents de clefs, intrusions indésirables, et même quelques gestes de malveillance ou d’ivrognerie, difficulté sérieuse liée aux modifications des conduites de gaz, reports de calendrier… Tout cela a pu être surmonté grâce à la compréhension de tous et à la bonne volonté de chacun. Un grand merci à toutes celles et à tous ceux qui nous ont encouragés, soutenus, alertés, aidés.

Même si on repère, et regrette, quelques imperfections, les objectifs assignés sont atteints :

  • le bâtiment sur rue vient de bénéficier de travaux de conservation et de réhabilitation importants: couverture entièrement neuve, façade ravalée, salle de réunion rénovée et mieux équipée, escaliers et péristyle repeints, ascenseur installé, et même chauffage rajeuni, qui ne figurait pas au programme initial des travaux, et qui a reçu le concours précieux du Consistoire et de la Région.
  • Le cadre et les commodités de l’immeuble sont améliorés: WC neufs aux deux étages, cuisine
    plus fonctionnelle, utilisation modulable de la salle de réunion…
  • les travaux ont permis la mise aux normes actuelles concernant la sécurité et surtout l’accessibilité, tout particulièrement pour les personnes à mobilité réduite.
  • Enfin, la boucle étant bouclée, il reste de côté la somme (certes insuffisante) consacrée à notre projet Caluire, quelle que soit la forme qu’il prendra.

La prochaine Assemblée Générale reviendra sur cette opération. Un bilan chiffré précis sera alors fourni. Et dans quelques années, il faudra sûrement remettre les corps de métier sur l’ouvrage…

Yves Grellier

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